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Algérie : Abdelmadjid Tebboune « accepte » de gracier l’écrivain Boualem Sansal

Publié le 12 novembre 2025 Lecture : 2 minutes.

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« Algérie : Boualem Sansal sera-t-il libéré grâce à l’Allemagne ? » s’interrogeait encore Jeune Afrique il y a quelques heures. La réponse est tombée en milieu de journée, le président Abdelmadjid Tebboune annonçant qu’il « acceptait » de gracier l’écrivain pour « motifs humanitaires », et ce, en réponse à la demande formulée le 10 novembre par son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier.

Arrêté le 16 novembre alors que son avion venait d’atterrir à Alger, l’écrivain algéro-français a été condamné, quatre mois plus tard, à cinq ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars (environ 3 500 euros). Un verdict en deçà des réquisitions du parquet, qui réclamait dix ans. Il était poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale » et « outrage à corps constitué », des chefs d’accusation liés à des déclarations publiées dans un média français d’extrême droite, Frontières, où il évoquait les frontières héritées de la colonisation et avançait que le Maroc aurait été amputé d’une partie de son territoire au profit de l’Algérie. Une thèse particulièrement sensible dans le contexte maghrébin.

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Vers Berlin ou vers Paris ?

La peine prononcée en première instance, jugée trop clémente par certains en Algérie, avait ensuite été confirmée le 1er juillet par la cour d’appel d’Alger, alors que le parquet avait réclamé dix ans de prison ferme et une amende de 1 million de dinars (environ 6 500 euros). S’était ensuivie une période de flottement, les avocats de l’écrivain renonçant à se pourvoir en cassation dans l’espoir d’une grâce présidentielle dont certains espéraient qu’elle serait annoncée durant le mois de juillet.

Espoir déçu : le sort de Boualem Sansal était clairement lié à l’état, exécrable à l’époque, de la relation entre Paris et Alger. Depuis son arrestation, politiques de tous bords, intellectuels et élus français n’ont eu de cesse de réclamer sa libération immédiate. Le président Emmanuel Macron lui-même a demandé à plusieurs reprises à son homologue algérien un geste humanitaire. Mais le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bruno Retailleau, a sans doute contribué à bloquer la situation en faisant de l’affaire un enjeu de politique intérieure française. Sorti du gouvernement lors du dernier remaniement, il a depuis été remplacé par Laurent Nuñez, un nouveau ministre moins politique et plus enclin à rechercher le dialogue avec Alger. Le responsable a d’ailleurs indiqué qu’il se rendrait en Algérie prochainement, probablement fin novembre ou début décembre.

Malgré cette détente apparente, ce sont finalement les efforts de Berlin, et non ceux de Paris, qui ont permis la libération de l’écrivain, malade et dont l’état de santé s’est dégradé en prison. La demande allemande, a-t-on souligné à Alger, a été formulée sur un ton très différent de celui – « arrogant et moralisateur » – souvent reproché à Paris, Frank-Walter Steinmeier invoquant uniquement la compassion et l’état de santé de l’écrivain. Le communiqué de présidence algérienne indique d’ailleurs explicitement que le président Tebboune a pris sa décision en réponse à la demande du président allemand, que le texte qualifie d’ « ami ». Alger indique aussi que « c’est l’État allemand qui prendra en charge le transfert et les soins » de Boualem Sansal.

À Paris, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a salué l’annonce de la grâce en faisant part de son « soulagement », et en estimant que celle-ci était le « fruit d’une méthode faite de respect et de calme ».

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Olivier Marbot Rédacteur en chef adjoint Politique à Jeune Afrique, spécialiste du Moyen-Orient

Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com

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