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Au Niger, la rhétorique souverainiste pour détourner l’attention de la guerre

Publié le 15 juillet 2025 Lecture : 2 minutes.

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Le 30 mai dernier, à Niamey, le général Abdourahamane Tiani a décoré plusieurs de ses officiers les plus proches. Les bénéficiaires de cette « pluie d’étoiles » sont tous des membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte qui a pris le pouvoir au Niger après avoir mené le coup d’État ayant conduit à la chute du président élu, Mohamed Bazoum, toujours détenu à ce jour.

Cette distribution de décorations est survenue dans un contexte particulier, seulement quelques jours seulement après l’attaque d’Eknewane, le 25 mai, lors de laquelle 58 soldats nigériens ont été tués dans un assaut revendiqué par l’État islamique. Dans les jours qui ont suivi, alors que de nouvelles attaques ont eu lieu, des critiques virulentes se sont fait entendre au sein des rangs de l’armée. « Moussa Salaou Barmou, le chef d’état-major des armées, a assisté à des funérailles de soldats, et cela s’est assez mal passé : il a fait face à des critiques de subordonnés qui lui reprochaient le manque de moyens » , rapporte Mathieu Olivier, qui vient de signer pour Jeune Afrique l’article « Tiani, souverainiste en chef au Sahel, général en échec au Niger », analysant la précarité croissante du pouvoir militaire à Niamey.

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Un discours anti-occidental relativement récent

Dans les rangs de l’armée, « il y a à la fois un sentiment de manque de moyens et de déconnexion qui est plus fort aujourd’hui qu’il ne l’était il y a encore un an », relève encore Mathieu Olivier. Face à ces tensions, le général Tiani apporte essentiellement une « réponse politique : il désigne des coupables, agite la rhétorique souverainiste et multiplie les attaques contre la France, devenue sa cible favorite. » Ce discours anti-occidental est relativement récent dans la bouche de Tiani, au contraire de ses homologues de l’Alliance des États du Sahel, le Burkinabè Ibrahim Traoré et le Malien Assimi Goïta. « Ceux qui l’ont côtoyé à l’époque où il dirigeait la garde présidentielle assurent qu’il n’était pas versé dans le souverainisme ou le sentiment antifrançais. »

Un changement de discours qui vise à « répondre aux critiques internes et détourner l’attention d’une guerre qui, sur le terrain, reste largement perdue. »

« La Semaine de JA » est à retrouver chaque samedi sur RFI, et en intégralité sur Jeune Afrique.

Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com

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