Bénin : tentative de putsch et explosion de fake news

Publié le 13 décembre 2025 Lecture : 2 minutes.

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La tentative de putsch menée le dimanche 7 décembre par le lieutenant-colonel Pascal Tigri est d’autant plus surprenante que le militaire n’avait rien, jusqu’ici, d’un « soldat rebelle ». Il était au contraire un « officier modèle, avec une trajectoire sans heurts » qui lui a valu d’être nommé en 2023 commandant des Forces spéciales.

Déployé dans le nord du Bénin, « dans le cadre de l’opération Mirador de lutte contre les incursions jihadistes, il n’avait donné aucun signe particulier de dissidence avant le 7 décembre », relève François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, dans la Semaine de JA, sur RFI.

La tentation du putsch

Reste l’hypothèse d’une dynamique plus large, celle d’« une culture assez sommaire du putsch qui semble se développer au sein des armées », analyse François Soudan. « Vous êtes frustré parce que votre avancement n’arrive pas assez vite ? Vous avez des problèmes avec vos chefs, que vous soupçonnez de favoritisme ? Vous perdez des camarades sur le front ? Solution : vous prenez le Palais. »

Sur le terrain, le coup d’État a été rapidement contenu : « En réalité, dès 10 h, le dimanche 7 novembre et après 8 h de combat, le coup d’État avait échoué ». Les mutins « étaient encerclés à l’intérieur du camp » tandis que l’option militaire se resserrait : « Il y avait deux solutions : soit attaquer au canon le camp Togbin, avec le risque d’embraser tout le quartier et de tuer les deux officiers supérieurs pris en otage par les mutins, soit faire appel à des frappes aériennes de précision par drones et avions de combat. » C’est la seconde stratégie qui a été choisie.

Une fake news vue 3 millions de fois

Pourtant, malgré l’échec de la tentative, une autre bataille s’est ouverte, sur les réseaux sociaux cette fois. Et s’il n’y a eu « aucune réaction officielle de la part des trois juntes de l’Alliance des États du Sahel (AES), on imagine aisément que la chute de Patrice Talon ne leur aurait pas déplu, et particulièrement au général Abdourahamane Tiani, président du Niger, avec qui les relations sont exécrables. »

Mais si les autorités des pays de l’AES sont restées silencieuses, l’écosystème numérique qui gravite autour de celles-ci a été le théâtre d’une « véritable explosion d’intox, de fausses vidéos, de manipulations, le climax étant atteint lorsque l’activiste Kemi Seba et conseiller spéciale d’Abdourahamane Tiani, lui-même Béninois, a annoncé que Patrice Talon avait été arrêté et le Bénin ‘’libéré’’. » « Une fake news, bien sûr, mais vu 3 millions de fois », relève François Soudan.