Bénin Révélé Mag

En Guinée : un référendum constitutionnel sur mesure pour Doumbouya ?

Publié le 1 septembre 2025 Lecture : 2 minutes.

Fichier généré le

Officiellement, la Guinée n’est plus en « transition » mais en « refondation ». Ce changement de vocabulaire accompagne un projet constitutionnel qui redessine fondamentalement les règles du jeu politique guinéen. Le référendum du 21 septembre marque une étape cruciale dans la consolidation du pouvoir militaire, quatre ans après le coup d’État du 5 septembre 2021.

Les modifications proposées révèlent une stratégie de marginalisation systématique des rivaux potentiels. Si certains changements semblent anecdotiques – comme le passage du quinquennat au septennat ou la création d’un Sénat –, d’autres visent directement les figures de l’opposition. L’introduction de deux nouvelles conditions d’éligibilité (avoir moins de 80 ans et résider en Guinée) élimine de facto l’ancien président Alpha Condé et l’ex-Premier ministre Sidya Touré, tous deux octogénaires, ainsi que Cellou Dalein Diallo, leader du principal parti d’opposition contraint à l’exil.

la suite après cette publicité

Plus révélateur encore, cette nouvelle Constitution efface « d’un coup d’ardoise magique » toutes les dispositions de la charte de la transition, notamment l’interdiction faite aux membres de la junte de se présenter à l’élection présidentielle. Le général Doumbouya peut désormais briguer la magistrature suprême sans obstacle juridique.

Une opposition réduite au silence

La suspension de trois principaux partis d’opposition pour trois mois confirme cette logique. L’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG d’Alpha Condé, regroupés dans la coalition « Forces vives de Guinée », avaient appelé à des protestations contre le référendum à partir du 5 septembre. Cette mesure répond officiellement à l’interdiction des manifestations en vigueur, mais s’inscrit dans une stratégie plus large d’affaiblissement de l’opposition. Le pouvoir mène un « travail de sape » destiné à éroder l’autorité des leaders historiques sur leurs propres troupes, divisant pour mieux régner à l’approche du scrutin constitutionnel.

L’affaire la plus troublante de ce paysage politique remanié demeure celle des activistes portés disparus, véritable « caillou dans la botte de Mamadi Doumbouya ». Quatorze mois après l’enlèvement de Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah, rejoints par Habib Marouane Kamara, Saadou Nimaga et d’autres opposants, le mystère persiste.

Les récentes déclarations de Taliby Dabo, cadre dissident suggérant qu’ils seraient toujours vivants, peinent à convaincre. Ce politicien marginal de Kankan est d’ailleurs revenu en partie sur ses propos. Trois hypothèses demeurent : une détention secrète, une issue fatale, ou l’ignorance complète des autorités sur leur sort. Dans tous les cas, “la responsabilité de l’exécutif est directement engagée”, conclut François Soudan.

la suite après cette publicité

Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com

Quitter la version mobile