
Publié le 21 mai 2025 Lecture : 3 minutes.
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Il a été examiné ce mercredi 21 mai par le Conseil de défense réuni à l’Élysée. Un rapport commandé par le gouvernement français intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France», dévoilé en partie par Le Figaro, révèle « une menace pour la cohésion nationale » en raison d’un islamisme qui se diffuse « par le bas ».
D’après le rapport, « la réalité de cette menace, même si elle repose sur une temporalité longue et ne recourt pas à l’action violente, fait peser le risque d’une atteinte au tissu associatif et aux institutions républicaines […] et plus largement à la cohésion nationale ».
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Un islamisme diffusé sur le « plan local » ?
Le document, réalisé par deux hauts fonctionnaires qui ont travaillé sur le sujet à partir de mai 2024, estime que l’islamisme de l’organisation se diffuse avant tout « au plan local », notamment au niveau des municipalités.
Une stratégie dénoncée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a pointé du doigt « un islamisme à bas bruit qui se répand en tentant d’infiltrer les associations sportives, culturelles, sociales ou autres ».
Devant la presse, le ministre a affirmé que le rapport faisait état d’une « menace très claire vis-à-vis de la République […] et de submersion ». Selon lui, l’objectif des Frères musulmans serait de « faire basculer toute la société française dans la charia ».
« C’est inacceptable, puisque c’est parfaitement incompatible avec les principes de la République et les objectifs de la cohésion nationale », a-t-il ajouté.
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Un projet « subversif »
Le rapport souligne le « caractère subversif du projet porté par les Frères musulmans », qui vise « à œuvrer au long cours en vue d’obtenir progressivement des modifications des règles locales ou nationales » en France. Il s’agit « non pas de s’enclaver comme le fait de séparatisme » mais au contraire « de dissimulation » pour aller « à la conquête des antennes de pouvoir, notamment les municipalités », souligne-t-on à l’Élysée.
Musulmans de France (MF), qui a succédé en 2017 à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), « est identifiée comme la branche nationale des Frères musulmans en France », d’après les auteurs, pour qui 139 lieux de culte seraient affiliés à cette association avec en plus « 68 considérés comme proches de la fédération, répartis sur 55 départements ».
Un chiffre qui représente « 7 % des 2 800 lieux de culte musulman répertoriés » en France, avec une fréquentation moyenne de « 91 000 fidèles le vendredi « même si « un fidèle fréquentant une mosquée de la mouvance n’est pas, loin s’en faut, membre », note le rapport.
Il précise par ailleurs qu’ « aucun document récent ne démontre la volonté de Musulmans de France d’établir un État islamique en France ou d’y faire appliquer la charia », contrairement aux propos du ministre de l’Intérieur, mais s’inquiète que l’éducation soit une « priorité de la branche française » des Frères musulmans, phénomène qui risquerait de mener à une « rigorisation de la pratique religieuse » notamment chez les jeunes filles, détaille le rapport.
Musulmans de France dément
La Fédération a réagi au contenu de ce rapport, dans lequel elle est incriminée, exprimant sa « grande préoccupation ». « Nous avons fourni toutes les informations demandées, sans réserve, sur nos orientations, nos actions, notre gouvernance et nos principes fondamentaux. »
Or le document final « désigne indirectement – mais sans ambiguïté – notre fédération comme une organisation affiliée ou représentative de la mouvance des Frères musulmans en France », écrit Musulmans de France dans un communiqué.
Communiqué MF | À propos des conclusions du rapport sur les Frères musulmans commandé par le ministère de l’Intérieur
La fédération Musulmans de France (MF) prend acte avec une profonde surprise et une grande préoccupation des éléments évoqués dans le rapport récemment rendu… pic.twitter.com/BSk92V0Ydz
— Musulmans de France (MF) (@MF_Musulmans) May 20, 2025
« Nous rejetons fermement toute allégation qui tenterait de nous associer à un projet politique étranger, ou à une stratégie d’“entrisme”. Cette lecture idéologique ne reflète ni notre réalité institutionnelle ni notre action de terrain. » L’organisation a également rappelé avoir signé, en présence d’Emmanuel Macron, « la Charte des principes pour l’islam de France le 18 janvier 2021 à l’Élysée ».
Évoquant un contexte de « tensions identitaires », MF a dénoncé des « amalgames, même involontaires, entre islam, islamisme politique et radicalité » qui sont « seulement dangereux, mais contre-productifs pour la République elle-même ». « Derrière ces accusations infondées, c’est une stigmatisation de l’islam et des musulmans qui se dessine. »
(Avec AFP)
Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com