Hassanein Hiridjee (Axian) : « Sur l’intelligence artificielle, l’Afrique n’a plus le droit de perdre du temps »

Publié le 13 novembre 2025 Lecture : 2 minutes.

Fichier généré le

En pleine vague « Gen Z », du Maroc à Madagascar, où le groupe qu’il dirige est très présent, Hassanein Hiridjee l’assure : il entend les revendications de ces jeunesses africaines trop souvent oubliées par les décideurs, tant dans la sphère politique qu’économique. Le PDG du conglomérat Axian, actif dans l’énergie, la digibank et les fintech, l’immobilier, les services financiers et les télécoms et qui opère dans plus de 18 pays africains, en est persuadé, les mouvements de contestations qui ont pris de l’ampleur ces derniers mois sont l’expression du désir farouche d’une génération entière de participer au développement du continent.

« La jeunesse veut contribuer, aller vite, ne pas rater d’opportunité fautes d’avoir les moyens de le faire », analyse-t-il dans l’entretien en vidéo qu’il a accordé à Jeune Afrique, en octobre dernier, dans le cadre d’Africa Day*. Partout, il affirme retrouver l’écho des mêmes aspirations. « Le dénominateur commun, c’est une soif d’aller vite, une soif de développer, une soif de contribuer, d’impacter et de ne pas avoir des facteurs bloquants », assure Hassanein Hiridjee.

Éducation, financements, infrastructures : les trois urgences

Et sur la capacité du continent à prendre pleinement sa part dans la révolution de l’intelligence artificielle – qui change radicalement le paradigme de la majeure partie des secteurs de l’économie – le patron d’Axian identifie trois priorités. La première urgence est éducative. « Nos systèmes d’éducation doivent s’adapter, aller plus loin et plus vite. » Avec l’accélération de l’IA, « si l’on n’est pas capable d’offrir un vrai socle en informatique, en data science, c’est que l’on n’a rien compris ».

Le deuxième verrou qu’il identifie comme l’un des freins à l’élan de la jeunesse ? L’accès aux financements. Et sur ce point, Hassanein Hiridjee se félicite notamment du lancement, par Axian, des nano crédits disponibles via le mobile money : « Ça explose parce que les gens ont besoin de crédits, et que le système bancaire n’est, malheureusement, pas adapté pour répondre aux besoins de cette frange de la population », constate-t-il.

Troisième et dernière urgence que le patron d’Axian pointe : les investissements, aussi massifs que vitaux, qu’il convient de faire dans les infrastructures, et en particulier dans le domaine de l’énergie.

« Le risque de rater le virage de l’IA est réel », prévient-il. Car, si le secteur de la tech africaine progresse, tant sur l’innovation que sur le développement d’applications, « la clé de l’IA avant tout, c’est l’énergie, l’accès à une capacité énergétique massive ». Et pour répondre à ce défi, il en appelle à une mobilisation conjointe États–secteur privé. « Il faut un cadre, un écosystème. Il y a eu des discussions à Kigali, un premier sommet de l’IA, auquel Axian a participé. Il n’est pas trop tard, mais on ne peut plus perdre une minute ».

(*) Jeune Afrique est partenaire média du forum Africa Day, organisé par la French African Foundation, le 4 octobre 2025 à Science Po Paris.