La Namibie commémore pour la première fois le génocide perpétré par l’Allemagne
Publié le 28 mai 2025 Lecture : 2 minutes.
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Bien avant l’Holocauste, des camps de concentration avaient déjà été mis en place par les autorités coloniales allemandes dans ce qui s’appelait alors la Deutsch-Südwestafrika (l’Afrique allemande du Sud-Ouest), l’actuelle Namibie. Ce mercredi 28 mai, Windhoek commémore pour la première fois le génocide perpétré par l’Allemagne contre les Herero et les Nama.
D’après le programme du gouvernement namibien, cette journée de commémoration a été instaurée « à la suite d’une motion déposée à l’Assemblée nationale en 2016, qui a donné lieu à un processus de consultation nationale mené entre 2017 et 2020 ». Cette nouvelle fête nationale sera célébrée chaque année, avec notamment une minute de silence et une veillée aux chandelles devant le Parlement.
ARRIVAL: H.E. Dr. Netumbo Nandi-Ndaitwah, President of the Republic of Namibia, arrives at Parliament Gardens to lead the nation in commemorating the Inaugural Genocide Remembrance Day—a solemn national observance dedicated to honouring the memory of the victims of the 1904–1908… pic.twitter.com/NgXNi3Js3J
— Namibian Presidency (@NamPresidency) May 28, 2025
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La date du 28 mai, qui symbolise le « début d’un cheminement national vers la guérison », correspond au jour où, en 1907, les autorités coloniales ont finalement décidé de fermer les camps de concentration.
Le premier génocide du XXᵉ siècle
Longtemps vu comme le génocide « oublié », il est aujourd’hui considéré comme le premier du XXᵉ siècle par les historiens. À l’époque, les communautés Nama et Ovaherero ont été prises pour cible par les troupes coloniales pour avoir refusé de livrer leurs terres et leur bétail au colonisateur.
Comme le rappelle le Mémorial de la Shoah, l’ordre d’extermination a été donné le 2 octobre 1904 par le général Lothar von Trotha après une révolte lancée contre l’administration coloniale par les Herero, appuyée ensuite par les Nama.
En 1905, plusieurs camps de concentration sont ouverts à Windhoek, Swakopmund et Shark Island. Les prisonniers y meurent à cause des travaux forcés et des maladies. Les restes de certaines victimes sont envoyés en Allemagne pour des expérimentations scientifiques qui nourrissent les thèses anthropologiques basées sur la différence raciale.
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On estime qu’environ 80 % des Herero et 50 % des Nama ont été tués en quatre ans. Leurs terres et le bétail sont également confisqués.
L’attente des réparations
En 2021, Berlin propose à la Namibie 1,1 milliard d’euros d’aide au développement sur 30 ans. Mais l’Allemagne ne fait pas mention de « réparations » ou d’ «indemnisations » dans le texte juridique, relate la BBC. Conséquence, les autorités namibiennes refusent l’offre. « C’était la blague du siècle […]. Nous voulons notre terre. L’argent ne vaut rien », déclarait alors au média britannique Uahimisa Kaapehi, un descendant Herero.
C’était la blague du siècle […] nous voulons notre terre. L’argent ne vaut rien.
Un projet d’accord a été depuis conclu entre les deux pays, comprenant des excuses officielles et 50 millions d’euros supplémentaires. Mais de nombreux militants pour la justice réparatrice et descendants des communautés victimes du génocide ne sont pas satisfaits du projet et estiment avoir été tenus à l’écart des négociations.
Certains affirment par exemple que le gouvernement namibien devrait racheter leurs terres spoliées pour leur restituer, alors qu’elles sont actuellement aux mains de la communauté germanophone, qui ne représente pourtant qu’un très faible pourcentage de la population.
Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com