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Luc EYRAUD [FMI] : « La croissance que nous prévoyons pour 2019 au Bénin est de 6,7%. C’est une croissance élevée »

[Bénin Révélé Mag] – Une équipe du FMI a passé deux semaines au Bénin pour la quatrième revue du programme du FMI au Bénin. Cette revue a été combinée avec le rapport du FMI baptisé « le Rapport de l’article 4 » dans lequel le FMI fait le bilan de globale de l’économie pour deux ou trois ans. Au terme de cette mission, Luc EYRAUD, Chef de la Mission de la revue du FMI,  lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni, estime que les résultats du Bénin sont « très satisfaisants ». Ses précisions :

Question : Après deux semaines de mission, quels étaient les objectifs de la mission et quels sont les résultats obtenus ?

Luc EYRAUD : Nous avons passé deux semaines au Bénin pour une quatrième revue du programme. C’est une mission de revue du programme qui a commencé en 2017. Cette revue a été cette fois-ci combinée avec un rapport un peu particulier du FMI qui s’appelle « le Rapport de l’article 4 » dans lequel on fait aussi une analyse tous les 2, 3 ans de long terme, un peu plus globale de l’économie. Je vais vous parler des résultats de cette mission combinée, mission de revue et de cet article 4.

En ce qui concerne la mission de revue, nous avons regardé l’avancement du programme et je tiens à dire que la performance du programme est très satisfaisante.  Tous les indicateurs de performance à la fin du mois de décembre 2018 ont été vérifiés, et plus que cela, on a eu une très bonne surprise au niveau du déficit public.

Grâce à une gestion très prudente des finances publiques, le déficit a terminé à 4% du PIB en 2018 alors qu’on s’attendait à un déficit beaucoup plus élevé de 4,7%. Toute cette bonne performance au niveau du déficit est en partie liée à une très bonne mobilisation des recettes du gouvernement ; les revenus et les recettes intérieures ont été particulièrement forts et on continue de voir au premier trimestre 2019 une bonne situation au niveau des revenus.  C’est en partie lié aux efforts du gouvernement de lutte contre la fraude fiscale.

Un autre aspect de notre mission, c’est la révision de nos perspectives économiques.

 Et nous allons regarder de nouveau les preuves de croissance et nous allons réviser à la hausse la croissance économique du Bénin pour 2018 et 2019. Dans les deux cas, la croissance que nous prévoyons pour 2019 est de 6,7%. C’est une croissance élevée qui a été tirée par l’activité agricole et aussi par l’activité au Port de Cotonou.

Ensuite, l’autre partie de notre mission qui est l’analyse de long terme, l’analyse plus globale de l’économie dans le cadre de l’article 4. L’un des résultats principaux, c’est que cette forte croissance qu’on observe aujourd’hui va se poursuivre à moyen terme. Et l’un des résultats de notre analyse, c’est que ce potentiel de croissance du Bénin à moyen terme est très élevé, en particulier si on le compare aux autres pays de l’Afrique subsaharienne, et ça place le Bénin dans le peloton de tête des pays dans la région. Les perspectives de croissance sont donc fortes et pour s’assurer que ces perspectives se réalisent, que ce potentiel se réalise, nos discussions ont porté avec les autorités sur un ensemble de réformes qu’elles comptent mettre en œuvre.

Et pour donc réaliser ce potentiel, il faudra que le gouvernement réalise son agenda et ses projets de réformes économiques, en particulier la continuation de la modernisation du secteur agricole, le soutien à l’industrie, et le développement de nouveaux secteurs porteurs tels que le tourisme ou l’économie numérique.

Finalement, ce que je dirais sur le résultat de notre analyse aussi, c’est que nous avons aussi trouvé que pour avoir une croissance aussi élevée, pour soutenir une croissance aussi élevée à moyen terme, il faut que le secteur financier soit en bonne santé. Et là-dessus, nous avons fait des recommandations pour renforcer le secteur bancaire.

Je tiens à dire que le gouvernement a déjà pris des dispositions notamment pour faciliter l’accès au crédit bancaire, au prêt bancaire. Une nouvelle loi va être mise en œuvre très rapidement qui va permettre d’utiliser beaucoup plus facilement les titres de propriété comme garantie pour obtenir des prêts et comme les banques vont avoir davantage de garanties, elles seront plus amenées à faire des prêts et ce sera bon pour l’économie.

Au final, c’est notre analyse. Une excellente performance et un fort potentiel de croissance à moyen terme.

Question : Ces derniers temps, il y a eu des informations qui font état d’un fort taux d’endettement du Bénin. Dans le même temps, le Bénin vient d’émettre sur le marché international un eurobond de 500 millions d’euros. Cette opération qui est une réussite apporte-t-elle du crédit à la signature du Bénin ?

 Sur la situation de la dette au Bénin, nous, ce qu’on observe dans notre analyse, c’est que la dette en part de PIB va diminuer en 2019. Donc c’est une bonne nouvelle. Elle diminue alors qu’il y a cette émission d’eurobonds qui est de 500 millions d’euros. La diminution de la dette est principalement le reflet de l’assainissement des finances publiques. On a fait aussi dans le cadre de notre rapport une analyse de la viabilité de la dette qu’on fait dans tous les pays et régulièrement. Et cette analyse montre que le Bénin a un risque modéré sur sa dette alors que beaucoup de pays en Afrique et même des voisins du Bénin sont évalués avec un risque élevé.

C’est notre analyse générale. Ensuite, en ce qui concerne l’eurobond spécifiquement, il est vrai que le Bénin a fait sa grande entrée sur les marchés internationaux avec cet eurobond de 500 millions d’euros. C’est un montant très important.

De notre analyse, c’est une bonne affaire pour le Bénin par deux aspects. D’abord, le taux d’intérêt qui est le coût de la dette et qui est inférieur au taux d’intérêt auquel le Bénin généralement emprunte sur les marchés régionaux. Deuxièmement, cette dette, l’eurobond a une maturité plus longue ; ça veut dire que c’est un prêt qui a une durée plus longue. Donc on a emprunté moins cher et plus long, ce qui est une bonne nouvelle pour les finances publiques.

Evidemment, cet accès aux marchés internationaux nouveau du Bénin va créer un nouveau défi ; en particulier il va exposer le Bénin aux conditions financières internationales et aux chocs extérieurs. Mais il me semble que le ministère des Finances notamment l’agence de la gestion de la dette est très bien équipée pour répondre à ces défis du fait d’une gestion proactive et modernisée de la dette béninoise. D’ailleurs, l’agence de la dette du Bénin est en train de prendre des dispositions aussi pour s’assurer que ces emprunts internationaux ne créent pas des risques additionnels pour le pays.

Par Laurent Adjovi, Bénin Révélé Mag

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