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Management politique : l’art de diriger par l’exemple

La particularité du Président Talon réside dans son originalité : l’amour du continent. Avoir réussi à réclamer à la France, la restitution des objets d’arts du patrimoine culturel africain retenus par le colonisateur. Le Président Emmanuel Macron lui a d’ailleurs reconnu cet engagement exceptionnel pour la cause du continent africain.

Le leadership est l’un des problèmes cruciaux de l’Afrique aujourd’hui. La plupart de nos pays demeurent politiquement instables, économiquement fragiles, par manque de leaders de vision, passionnés, capables de communiquer l’espoir à la jeunesse. En quête de leadership, des outils indispensables sont nécessaires pour le manager qui se veut être leader. La résilience et le renforcement de capacités sont des outils pertinents de motivation et de développement personnel.

Le leadership est l’art de diriger des brebis, (lead the ship) ; c’est-à-dire, réussir à avoir de l’influence sur les autres en les aidant à réussir par eux-mêmes.

Le manager qui se veut de nos jours leader, ne se contente plus de diriger à coups de directives. Mais plutôt par influence. Ce qui requière de sa part, de véritables compétences humaines. Prendre en charge les autres, en vue de les faire grandir, nécessite de soi-même une parfaite maîtrise de l’Homme, corps âme et esprit.

Le leadership et la résilience

Le dictionnaire (le Robert) définie le mot « résilience » comme la « capacité à vivre et à se développer, en surmontant les chocs, les traumatismes. »

Originellement, la résilience est un concept utilisé en métallurgie : c’est la capacité interne d’un matériau à retrouver sa forme initiale après avoir reçu un choc.

Le système des Nations Unies, définit le concept comme :

« Une forme d’énergie interne vitale qui permet à l’individu de retrouver ou de maintenir son intégrité, et de se propulser dans la vie, de sortir du renoncement ; c’est aussi le cheminement de la reconquête de cette intégrité…

La résilience est à la fois un processus psychologique interne aux individus, et c’est aussi un processus d’interactions entre ces personnes et les dimensions sociales, culturelles, économiques de la société. C’est un processus de rebondissement créatif pour redonner un sens et de la valeur à sa vie personnelle et sociale. »

La notion est née aux Etats Unis d’Amérique à partir du constat selon lequel certaines personnes victimes de chocs extrêmes (épreuves) s’en remettent facilement, d’autres difficilement et dans certains cas avec l’aide d’une personne avisée.

Eu égard à cette définition, la résilience serait alors le bâton magique interne à chaque individu qui lui permettrait de se relever après être tombé. Bref, c’est la capacité d’une personne à subir une épreuve et à s’en remettre.

Le potentiel de résilience en soi est un capital ou une capacité interne à chacun. L’homme disposerait d’un ressort interne. Ce dernier lui permettrait de se reprendre et de se remettre en activités après toutes formes de difficultés externes, ou de chocs internes qu’il aurait subis.

Il existe en chacun de nous des potentialités résilientes qui constituent des sources de maturation pour ceux qui les vivent.

Les personnes résilientes sont des gens qui, une fois les traumatismes surmontés sont difficiles, voire impossibles à arrêter dans leurs ambitions. Ils décollent à la vitesse d’un fusée et impactent de façon durable leur environnement et leur génération.

Les pays de l’Asie appelés les nouveaux dragons sont des pays à économie résiliente. Longtemps ployés sous joug colonial, les ressortissants de ces pays ont compris que la voie du développement repose exclusivement sur leurs propres capacités à s’auto organiser afin de vaincre la fatalité.

C’est aussi justement ce que le peuple rwandais a compris après les tristes événements du génocide de 1994.

Nelson Mandela, grand champion de la résilience a déclaré : « la plus grande victoire de l’existence ne consiste pas à ne jamais tomber, mais à se relever après chaque chute. »

Le leadership et le renforcement de capacités

Le renforcement de capacités dans un sens général, signifie l’action d’augmenter les compétences de quelqu’un dans un domaine bien déterminé. C’est réveiller le potentiel dormant qui est dans la personne afin de lui faire prendre conscience de l’existence de ses capacités, c’est le rendre responsable et autonome. Cela suppose que la personne objet de renforcements disposerait déjà des compétences internes qu’il faut augmenter, amplifier par une action provenant de l’extérieur.

La plupart des gens ignorent leur potentiel, voire leurs compétences et s’arrêtent à la frontière de leur volonté sans aller dans l’action. Ces personnes, il faut les amener à se découvrir, à se rendre compte qu’elles détiennent des qualités inexprimées, puis les accompagner dans l’action.

D’autres par contre, conscient de leur potentiel, manquent plutôt de courage pour l’exprimer.

Le véritable leader, se doit d’identifier ces personnes en vue de les renforcer et de les propulser vers la réussite.

En anglais, le renforcement de capacités est connu sous la notion de « empowerment » ; un processus par lequel des individus et des groupes de personnes améliorent leur capacité à :

  • Etre informés ;
  • Faire des choix ;
  • Transformer ces choix en actions désirées et en résultats.

C’est un changement profond au sein d’une société et en particulier celle qui aspire à l’amélioration de ses conditions de vie, voire, de son développement.

Des modèles de leadership par excellence

Des hommes et des femmes de vision, l’Afrique en dispose.

Le Président rwandais Paul KAGAME en est un prototype. Réussir à réunifier tous les Rwandais autour du développement, après les douloureux événements du génocide qui a vu périr une bonne partie de la population en 1994 et positionner le pays à la tête des nations émergentes, est un mérite à saluer.

Le Président du Rwanda, Paul Kagame et son homologue Patrice Talon à la conférence de presse commune / Photo : newsofrwanda.com

Paul Kagamé est parvenu à faire oublier aux Rwandais les effets néfastes du génocide et réaliser la stabilité politique du pays.

L’ancien premier ministre britannique Tony Blair l’a qualifié de « leader visionnaire ». Bill Clinton, ancien Président américain, encore plus élogieux l’a décrit comme : « l’un des plus grands leaders de notre temps ». A son propos, le Prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka a dit que : « compte tenu de l’ampleur du traumatisme causé par le génocide, le Rwanda a montré que, aussi ténu que soit l’espoir d’une communauté, un héros apparaît toujours. »

A la même trempe que KAGAME, le Président Patrice TALON ne s’est pas laissé distraire par les déferlements d’un feuilleton politico-judiciaire sous fonds d’accusations d’empoisonnements qui l’a amené en exil à Paris. Il s’est plutôt focalisé, tel un aigle, sur une opportunité qui allait le faire accéder à la Magistrature Suprême. Il a su profiter de ces tribulations pour talonner ces événements et continuera à faire des émules au sein de la jeunesse.

L’aigle est par excellence, l’oiseau qui dispose d’une vision très pointue, car, de loin, à des milliers de kilomètres de haut, il est capable de voir, repérer sa proie et d’engager sa propre stratégie pour apprivoiser celle-ci.

L’aigle ne se laisse pas distraire par les circonstances extérieures pour rater son but.

La particularité du Président Talon réside dans son originalité : l’amour du continent. Avoir réussi à réclamer à la France, la restitution des objets d’arts du patrimoine culturel africain retenus par le colonisateur. Le Président Emmanuel Macron lui a d’ailleurs reconnu cet engagement exceptionnel pour la cause du continent africain.

A la suite de son initiative, les Africains, par sursaut d’orgueil et de patriotisme, par souci de reconstitution de leur patrimoine culturel spolié, par besoin d’exposition à leurs fils et filles et au monde l’histoire presque toujours tragique de leurs ancêtres, mais aussi par fierté personnelle, demandent à la France et aux pays occidentaux de restituer les biens culturels pillés ou emportés de l’Afrique au cours des missions d’exploration et durant la période de colonisation.

Le 27 novembre 2018, le ministre sénégalais de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, a fait savoir que le Sénégal souhaitait la restitution par la France de “toutes les œuvres identifiées comme étant celles du Sénégal” exposées dans les musées français.

Le lendemain, 28 novembre 2018, la Côte d’Ivoire, par le biais du porte-parole du gouvernement, Sidi Touré, s’exprimant à l’issue d’un conseil des ministres, signifiait qu’elle va demander à la France la restitution d’une centaine d’œuvres d’art.

De nombreux autres pays africains se préparent à envoyer des demandes similaires à la France.

L’initiative du Président béninois est l’exemple palpable du leader qui doit montrer aux autres le chemin à suivre. Là-dessus, le Président Patrice Talon l’a réussi.

L’autre mérite du Président Patrice Talon est sa capacité de rassembleur

Il est parvenu à faire regrouper toute la classe politique béninoise, préalablement éparpillée en plusieurs milliers et micros de partis politiques en deux (02) blocs politiques essentiellement représentatifs : le Bloc Républicain et l’Union Progressiste.

Alors que le continent africain est connu pour être un continent de la mauvaise gouvernance, de la corruption et de la médiocrité, des dirigeants de type nouveau surgissent pour redonner de l’espoir à la jeunesse.

Ce management politique est bien la gouvernance par l’exemple. Le leader ne se contente pas d’édicter des règles et procédures sans les appliquer lui-même. Il monte au front et sert d’exemples au reste de la troupe.

Le leader est cet homme de vision, capable de vivre les yeux fermés ; car focalisé sur le but de sa vision.

Les yeux étant physiques, la vision purement immatérielle, le leader qui veut réussir conçoit en lui, une image mentale de ses objectifs ; un        avenir possible et désirable de ses actions.

Il est dit que Dieu ne fait acception de personne, de pays, de continent. Il peut donner aux Africains, un esprit nouveau à la trempe de Paul KAGAME et de Patrice TALON pour produire des leaders de type nouveau, capables d’apporter les changements que nous désirons tous.

Par Wilfried S. Sagbohan, Juriste, Consultant en Droit des Affaires

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