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Patrice Talon : « Une candidature éventuelle en 2021 ? Ce serait indécent! Je vois la vie autrement »

J’ai dit que je n’ai pas d’aversion pour la fonction (de président, Ndlr). Je n’ai pas d’aversion pour la charge. Certes, c’est difficile, c’est dur, j’aime bien sortir m’amuser, aller danser. Je n’ai plus les moyens de le faire. J’aime bien rouler en voiture, faire des kilomètres. Pour ceux qui me connaissent, je suis libre et un tout petit peu jouisseur. J’aime bien profiter de la vie, je n’en ai plus l’occasion. Dixit le président béninois.

Patrice Talon : « Une candidature éventuelle en 2021 ? Ce serait indécent. Je vois la vie autrement »
Le président Patrice Talon

(Bénin Révélé Mag) – Le 07 octobre 2017, le président de la République du Bénin, en déplacement en France, s’est entretenu avec les Béninois de la diaspora à Paris. Une occasion d’échanges francs, sincères et sans tabous. Patrice Talon a répondu à toutes les questions. Bénin Révélé Mag vous propose des extraits de cet échange, notamment ceux qui ont le plus captivé l’attention de l’audience : Sera-t-il candidat en 2012 ?

« La question est insidieuse. Mais, j’ai promis qu’il n’y aura pas de sujet tabou. Vous voulez savoir si après ce mandat, je tiendrai ma promesse n’est-ce pas ? Pour ceux qui ont eu l’occasion de m’écouter lors de ma première sortie après l’exil, j’ai eu à décrire la situation politique du pays. Et j’ai fait état de ce que j’ai pu observer de mon analyse de notre modèle politique.

Et j’ai dit que le Bénin était un pays à reconstruire totalement, qu’il faut des réformes courageuses et que la possibilité de renouvellement d’un mandat était un frein à l’action. Que celui qui est au pouvoir, dans le premier mandat et qui a le regard rivé sur le renouvellement de son mandat, il ne pas entreprendre courageusement les réformes dont certaines seront douloureuses et impopulaires.

D’ailleurs, ce qui se passe aujourd’hui me donne bien la preuve que j’avais bien raison. Les critiques, la situation économique…  Si je devais tenir compte des paramètres de mon retour potentiel en 2021, je n’aurais rien fait. Et c’est pour cela que j’estime que mon diagnostic est bien fondé et que l’idéal aurait été d’instaurer le mandat unique.

Malheureusement, j’ai subi un échec.

J’ai tout fait pour faire passer le projet de révision, avec les propositions innovantes pour le modèle politique que nous avons : au niveau de la justice, de la Cour constitutionnelle et plein d’autres choses. Malheureusement, j’ai subi un échec. Mais parfois, contre mauvaise fortune, j’ai bon cœur et je peux être fataliste, parce qu’en général, je ne suis pas un looser. J’y ai tellement cru, j’y ai mis tellement d’énergie et de volonté que j’ai été surpris par le revers à trois voix près, donc à un cheveu près.

Je me suis dit que j’avais peut-être tort. Peut-être que le moment n’était pas arrivé, que j’étais trop en avance sur mon temps. Mais, je dois vous avouer que l’exercice de la fonction, certaines réformes que j’ai préconisées, je les ai perçues comme inopportunes si cela était passé.

Patrice Talon : « Une candidature éventuelle en 2021 ? Ce serait indécent. Je vois la vie autrement »

Mais, sur la question du mandat unique, je continue de penser que ce serait une bonne chose. Je continue d’y croire. Mais, ce n’est pas contre Patrice TALON que j’ai des craintes de mauvaise gouvernance. Mon diagnostic est général, c’est pour les gouvernants. Et j’ai dit qu’une réforme, pour être crédible, devrait commencer par moi-même. En diagnostiquant le phénomène, en me regardant, en regardant mes valeurs, mes défauts, mes travers, je n’ai pas dit que je serais un mauvais Président si je dois chercher un deuxième mandat.

Ma remarque n’est pas exclusivement tournée vers moi-même. C’est de manière générale. Donc, j’aurais voulu instaurer cette réforme-là et la voir démarrer par moi-même. Mais à défaut qu’elle passe, à défaut qu’elle soit adoptée, il n’y a pas de raison que je continue de proclamer haut et fort que moi, pour faire un bon mandat, que je ne sois pas candidat à un deuxième mandat. Je suis sincère avec vous. Il n’y a aucune raison que je le dise. Et j’ai dit une chose sur les antennes de la télévision nationale, je ne sais pas si vous l’avez entendu.

J’aime bien sortir m’amuser

J’ai dit que je n’ai pas d’aversion pour la fonction (de président, Ndlr). Je n’ai pas d’aversion pour la charge. Certes, c’est difficile, c’est dur, j’aime bien sortir m’amuser, aller danser. Je n’ai plus les moyens de le faire. J’aime bien rouler en voiture, faire des kilomètres. Pour ceux qui me connaissent, je suis libre et un tout petit peu jouisseur. J’aime bien profiter de la vie, je n’en ai plus l’occasion.

Mais, ce n’est pas pour autant que j’ai une aversion pour la fonction. J’ai été candidat. J’ai levé la main pour l’être. On ne m’a pas forcé à être candidat. Et je n’ai pas d’aversion pour l’effort non plus. La question d’une candidature éventuelle en 2021, je pense que pour moi-même elle serait indécente. Pourquoi ? Je viens de subir une épreuve de santé qui me fait voir la vie autrement.

Je voudrais prendre de bonnes décisions

Donnons le meilleur de nous-mêmes à chaque instant. Je suis sincère avec vous, je voudrais donner le meilleur de moi-même à chaque instant. Je voudrais pouvoir prendre de bonnes décisions, pouvoir agir en bonne conscience de ce qui est bon et de ce qui est mauvais pour que mes choix soient pertinents. Je voudrais avoir la lumière de prendre les bonnes décisions à chaque instant.

2021 est encore loin. Mon idéal pour mon pays en termes de réformes politiques demeure. Ce que je ferai personnellement en 2021 si la réforme passe ou ne passe, relève désormais de mon opinion personnelle, de la vie, de mes ambitions, de mes challenges en ce moment-là. Je souhaite que chacun de nous sois là présent demain, pour faire le bilan du parcours ensemble. Qu’on ait la chance d’avoir longue vie jusqu’à ce moment-là pour apprécier ce que nous avons pu faire ensemble.

Et pour rire, se moquer des décisions que j’aurais prises ou que je prendrais en ce moment. Est-ce que je tiendrai, malgré tout à cette promesse que je me suis faite de dire ? « Cinq ans c’est beaucoup dans la vie d’un homme en termes de sacrifice », ou bien est-ce que je dirais à ce moment-là « Je me sens encore capable de sacrifice ». Je ne sais pas si je serai dans cette dynamique. On appréciera ensemble au moment opportun. »

Propos retranscrits par Bénin Révélé Mag

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