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Pourquoi un journaliste sportif français a été condamné à sept ans de prison en Algérie

Publié le 30 juin 2025 Lecture : 3 minutes.

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« Nous sommes sous le choc. Rien ne justifie que Christophe ait à endurer cette épreuve. Comment, en effet, justifier qu’un journaliste qui exerce honnêtement son métier soit ainsi puni ? » s’insurge sa famille. Le 29 juin, Reporters sans frontières (RSF) et son employeur, le groupe So Press, ont annoncé la condamnation à sept ans de prison en Algérie du journaliste français Christophe Gleizes. « Un appel sera interjeté dès demain, lundi 30 juin », a indiqué RSF qui précise que cette condamnation intervient « au terme d’un contrôle judiciaire de treize mois ».

Selon des sources judiciaires contactées par l’AFP en Algérie, le journaliste a été conduit directement à la prison de Tizi Ouzou après sa condamnation en première instance. Une fois qu’il aura fait appel, il devrait être rejugé mais pas avant la prochaine session criminelle qui s’ouvrira en octobre, précisent-elles.

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Dans un communiqué publié ce lundi 30 juin, la diplomatie française dit « regretter vivement la lourde condamnation » du journaliste, et assure suivre de près la situation depuis son arrestation l’année dernière. Le ministère français des Affaires étrangères affirme « être mobilisé pour lui porter assistance ». « La France rappelle son attachement à la liberté de la presse partout dans le monde. »

Un sujet sur un club de foot kabyle

Passionné de football et collaborant régulièrement avec Society et So Foot, Christophe Gleizes s’est rendu en Algérie en mai 2024, pour préparer un sujet sur le club de la Jeunesse Sportive de Kabylie, mais aussi pour faire une interview et un portrait de plusieurs figures du football africain.

Selon RSF, il a été arrêté le 28 mai 2024 à Tizi Ouzou, localité située à une centaine de kilomètres à l’est d’Alger, et placé sous contrôle judiciaire, pour « être entré dans le pays avec un visa touristique, pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national ». Des accusations « sans fondement et totalement réfutées » pour l’association de défense de la presse.

RSF considère que les charges retenues contre lui sont liées « au fait que le journaliste avait eu des contacts, en 2015 et 2017, avec le responsable du club de football de Tizi Ouzou. Or cet homme est « par ailleurs responsable du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par les autorités algériennes en 2021″. Les premiers échanges entre les deux hommes « ont eu lieu bien avant cette catégorisation par les autorités algériennes, souligne RSF. Le seul échange survenu en 2024 visait à la préparation de son reportage sur le club de football, la JSK, ce dont Christophe Gleizes ne s’est jamais caché. »

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« Sa condamnation n’a aucun sens »

En réaction, les proches du journaliste « demande[nt] instamment à la justice algérienne de revoir ce jugement qui fait d’un journaliste un criminel ». « Sa condamnation à sept ans de prison n’a aucun sens et ne démontre qu’un fait : rien n’échappe à la politique aujourd’hui et la justice algérienne a manqué une importante occasion de sortir par le haut dans cette affaire », s’est indigné le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin.

— Society et Society+ (@SocietyOfficiel) June 29, 2025

« Christophe Gleizes est un journaliste reconnu pour toujours travailler sans arrière-pensée politique, ses enquêtes et interviews le prouvent. Le travail de Christophe ne peut être remis en cause, a soutenu le fondateur du groupe So Press, Franck Annese. Il est important que tout soit mis en œuvre, y compris politiquement et diplomatiquement, pour que la justice l’emporte et que Christophe puisse retrouver ses proches et sa rédaction. »

La condamnation du journaliste indépendant intervient dans un contexte diplomatique très tendu entre Paris et Alger depuis près d’un an entre l’expulsion de diplomates, l’alignement de la France sur le plan d’autonomie marocain du Sahara occidental et la condamnation de Boualem Sansal.

En 2018, Christophe Gleizes avait publié avec son confrère Barthélémy Gaillard Magique Système, un ouvrage dans lequel il décortiquait le business et les escroqueries autour des jeunes joueurs de football africains, qui se retrouvaient le plus souvent broyés (et parfois ruinés) par leur rêve de jouer dans un grand club européen.

(Avec AFP)

Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com

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