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Bénin : l’« attaque terroriste » dans le parc du W, signe du risque de propagation du jihadisme

Un centre de formation spécial a été construit à l’intérieur du parc national de la Pendjari où les rangers s’entrainent. © STEFAN HEUNIS/AFP.

Un Français a été tué dans une embuscade qui a fait plusieurs morts le 8 février dans le parc du W, situé dans le nord du Bénin près de la frontière avec le Burkina Faso et le Niger, cible ces derniers mois de plusieurs attaques jihadistes.

Les circonstances de l’attaque qui a frappé le 8 février le parc du W, dans le nord du Bénin, se précisent. Dans un communiqué diffusé à l’issue d’un conseil des ministres consacré uniquement à la situation sécuritaire dans la région frontalière avec le Burkina Faso et le Niger, qui s’est tenu le 10 février en présence du haut commandement militaire, le gouvernement béninois a annoncé une « accélération » du déploiement en hommes et en matériels afin de « sécuriser sous peu la zone encore critique ».

Les autorités ont par ailleurs apporté des précisions quant au déroulement des faits. Ce n’est pas une, mais deux attaques qui sont survenues entre le mardi 8 et le jeudi 10 février. Mardi, « une patrouille de garde forestiers d’African Parks Network (APN) est tombée sur un engin explosif improvisé ainsi qu’une deuxième patrouille dans les mêmes circonstances, faisant au total huit morts (un agent civil d’APN, cinq gardes forestiers ainsi que leur instructeur français, un agent des Forces armées béninoises) et 12 blessés ». Jeudi, une patrouille de reconnaissance a à son tour été atteinte par un engin explosif improvisé, faisant une autre victime. Ce qui porte le bilan total à neuf morts.

Enquête ouverte à Paris

La direction d’African Parks, une ONG à qui a été confiée la gestion et une partie de la sécurisation du parc du W et du parc de la Pendjari, a affirmé avoir « réajusté ses activités en conséquence dans [c]es parcs nationaux pour s’adapter au risque accru d’insécurité » et précisé que « plus aucun touriste » n’est présent dans ces parcs « depuis fin janvier ». À Paris, le parquet national antiterroriste a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » après le décès de Jérôme Lidoyne, l’instructeur français âgé de 50 ans tué dans ce que la justice française a qualifié d’ »attaque terroriste ». Les investigations ont été confiées à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

La zone dite « Point triple », frontalière entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, est « considérée depuis peu comme critique en raison des actions terroristes observées », a insisté le gouvernement béninois, qui a appelé à une « action conjuguée » des trois pays pour endiguer le phénomène. L’exécutif béninois affirme en outre avoir mis à la disposition des Forces armées béninoises « d’importantes ressources financières non seulement pour les équiper, mais aussi pour recruter et former du personnel » – sans préciser l’ampleur de ces moyens.

Propagation du risque jihadiste

Depuis le début de l’année, deux attaques jihadistes ont frappé le nord du Bénin, après deux autres répertoriées fin 2021. En janvier, deux soldats béninois ont été tués lorsque leur véhicule a été visé par une attaque à la bombe artisanale dans le département de l’Atakora, dans le nord du pays.

En février 2020, des hommes armés avaient attaqué un poste de police dans un village proche de la frontière avec le Burkina, faisant un mort. Les autorités avaient alors évoqué une attaque de « braconniers ». Le parc national du W, qui s’étend sur le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, est contigu au parc de la Pendjari où deux touristes français avaient été enlevés par des bandits en 2019, avant d’être « revendus » à des groupes jihadistes au Burkina Faso voisin. Leur guide local avait été assassiné.

Cette dégradation de la situation sécuritaire confirme les craintes que des groupes jihadistes de la région cherchent à progresser vers la côte. Selon un rapport du think tank néerlandais Clingendael publié en juin dernier, certains groupes armés « parcourent régulièrement les trois provinces [du nord du pays : Alibori, Atacora et Borgou], disposent de moyens logistiques et ont développé des liens avec des individus au Bénin ».

Un constat qui fait du Bénin, après la Côte d’Ivoire, « le second pays le plus touché par la présence et la circulation des groupes jihadistes » appartenant au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et à l’État islamique au Grand Sahara (Eigs), abonde une note de l’Institut français des relations internationales (Ifri) publiée le 11 février. « Le risque est que le Bénin devienne un espace de transit entre le Sahara et le nord-ouest du Nigeria où la renaissance d’Ansaru suscite l’inquiétude », note notamment l’Ifri.

Dégradation de la situation sécu au #Sahel: la menace djihadiste déborde désormais dans le nord des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, en témoigne la récente attaque dans le nord du #Bénin.@mathpellerin analyse les ressorts de l’expansion du djihadisme. https://t.co/6BQfJgIkic pic.twitter.com/ItNdvwFNBB

— Elisa Domingues dos Santos (@ElisaDDosSantos) February 11, 2022

Avec AFP

Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com

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