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Boucle ferroviaire du Bénin : Pour Patrice Talon qui préfère la Chine, l’idéal c’est un financement concessionnel et non privé

C’est dans une interview accordée au magazine français Challenges, le 16 mars 2018 et publiée le 22 mars 2018 que Patrice Talon a fait savoir sa volonté à expulser Vincent Bolloré et Samuel Dossou du projet de la boucle ferroviaire ouest-africaine. Des précisions données plus tard sur RFI.

Le président Patrice Talon face aux leaders des centrales et confédérations syndicales / Photo : PRÉSIDENCE DU BÉNIN
Le président Patrice Talon face aux leaders des centrales et confédérations syndicales / Photo : PRÉSIDENCE DU BÉNIN

(Bénin Révélé Mag) – Pour réaliser la boucle ferroviaire au Bénin, Vincent Bolloré, homme d’affaires français avait consenti à débourser trois millions d’euros pour financer le projet de sa poche. Ce que pense le président Patrice Talon de la proposition Bolloré ? C’est un modèle « bas de gamme » ! «  Le modèle n’est pas bon. Un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous voulons », a déclaré le chef de l’Etat.

C’est dans une interview exclusive accordée au magazine français Challenges, le 16 mars 2018 et publiée le 22 mars 2018 que Patrice Talon a fait savoir sa détermination à expulser Vincent Bolloré et Samuel Dossou du projet de la boucle ferroviaire ouest-africaine. Un projet concernant la réhabilitation du réseau ferroviaire Bénin-Niger existant et de son développement jusqu’à la région minière du Niger.

En effet, la querelle judiciaire entre Bolloré et Dossou, qui a fini par bloquer la construction du tronçon Cotonou-Niamey, a permis aux entreprises chinoises de se positionner, pour gagner le marché du projet de boucle ferroviaire ouest africaine. Finalement, c’est la China Railway Construction Corporation qui réalisera le projet, apprend-on.

C’est que depuis une décision de la Cour d’appel de Cotonou, les travaux du tronçon Cotonou-Niamey (plus de 1000 km de voie) sont à l’arrêt depuis 2015. Une intrigue judiciaire rugueuse oppose Samuel Dossou, premier adjudicataire par appel d’offres de cette tranche et Bénirail, la filiale en charge du ferroviaire de Vincent Bolloré. « Il faut sortir de cet imbroglio juridique. Les deux opérateurs doivent se retirer, à l’amiable, du projet. Et il faudra qu’ils soient indemnisés de façon équitable », souligne Patrice Talon dans cet entretien dans lequel il s’est exprimé avec la fermeté qu’on lui connait et sans langue de bois.

Cet épisode judiciaire toujours en cours, du fait d’un appel d’offres conjoint entre le Niger et le Bénin, parait vraisemblablement avoir profité à un troisième acteur. Ainsi, la stratégie de patience des Chinois semble finalement avoir payé et pourra leur permettre de réaliser le reste des 2700 kilomètres de chemin de fer à travers cinq pays d’Afrique de l’Ouest.

La nécessité d’un financement concessionnel

En effet, les Chinois offrent des garanties plus intéressantes aux pays africains. « L’investissement nécessaire est colossal et avoisine quatre millions de dollars US. Le financement d’un tel investissement ne peut pas être assuré par un crédit commercial. Un tel investissement dans le contexte africain actuel, adossé au marché bénino-nigérien n’est pas possible avec un financement privé commercial. Ce n’est possible qu’avec du financement concessionnel. C’est tout simplement pour cette raison que ni le groupe Bolloré, ni la société Petrolin du Sieur Dossou ne sont en mesure de nous accompagner dans ce projet avec une telle ambition« , a à nouveau expliqué le président Patrice Talon au micro de RFI, le 23 mars 2018.

Et le président de préciser qu’aujourd’hui, on connaît la position de la Chine en terme d’aide au développement en direction de l’Afrique. « La Chine a d’ailleurs, au titre de l’aide au développement, affecté 60 milliards de dollars US au financement de tels projets en Afrique. Nous disposons donc d’une piste plus adéquate qui nous permet de faire face à cette ambition et à ce type d’investissement. C’est ce qui justifie le fait que le président du Niger et moi-même nous ayons souhaité que Bolloré et Petrolin qui sont en conflit sur ce projet et qui sont devant les tribunaux en arbitrage, se retirent simplement, parce que le financement nécessaire n’est pas à leur portée et n’est pas de leur domaine« , précise le président béninois sur RFI.

Dialogue avec toutes les parties

Evidemment, des discussions ont été tenues avec les différentes parties avant de parvenir à cette décision. « J’en ai parlé avec Monsieur Bolloré, avec Monsieur Dossou et avec le président du Niger (Mahamadou Issoufou, ndlr) à plusieurs reprises. Nous sommes tous d’accord que le niveau d’ambition du Niger et du Bénin n’est pas compatible avec un financement privé commercial. Monsieur Bolloré a bien compris que pour un tel investissement il faut aller chercher des financements concessionnels, aller vers l’aide au développement pour mobiliser le type de financement capable de faire face à une telle ambition« , argue Patrice Talon. Un accord aurait dont été trouvé pour le retrait de Samuel Dossou. Selon Jeune Afrique, il se pourrait que celui-ci réalise le port en eau profonde de Sèmè-Podji en retour.

Ecoutez le président TALON sur RFI

Cette décision de Patrice Talon de retirer les deux protagonistes du projet pourrait alors donner un coup d’accélérateur au projet de la boucle ferroviaire ouest-africaine. Surtout que selon le président Talon, « la Chine dispose de moyens financiers nécessaires. Elle a démontré son savoir-faire technique » dans la construction d’infrastructures du même type.

Par Bénin Révélé Mag

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