Publié le 25 novembre 2025 Lecture : 2 minutes.
Fichier généré le
C’est une arrestation fortuite à Istanbul qui a conduit, par une sorte d’effet domino, au démantèlement, le 21 novembre, d’un important réseau bancaire clandestin international qui remonte jusqu’à des groupes en Libye. Les opérations concernées impliquent des entreprises dont les activités illicites, notamment celles de blanchiment, se chiffrent à plus de 1 milliard de dollars, selon des sources sécuritaires turques.
Tout commence à Malte, voilà deux ans, quand le nom de Murad Ali Al-Furjani apparaît au cours d’une enquête conduite par la police turque. Ce natif de Tripoli, alors âgé de 36 ans, mène une vie discrète dans la capitale de l’ouest libyen et se rend fréquemment à Malte. Les enquêteurs remontent la filière et mettent à jour un réseau de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale, pour un total estimé à 20 millions d’euros.
la suite après cette publicité
Visé par un mandat d’arrêt international, l’homme est finalement arrêté à Malte. Poursuivi pour blanchiment d’argent, conspiration criminelle et fausse déclaration à une autorité publique, il est rapidement inculpé et écroué à La Valette après une brève garde à vue. Mais les enquêteurs comprennent vite que Murad Ali Al-Furjani n’est qu’un maillon d’une longue chaîne qui relie plusieurs pays. Et découvrent qu’un certain nombre de ressortissants libyens ont fait de l’île leur pied-à-terre, y débarquant régulièrement avec d’importantes sommes en liquide en poche destinées, selon eux, à l’achat de véhicules de luxe, de bijoux ou à d’autres biens de valeurs.
Américains et Européens, via Europol, prennent part à l’enquête
L’inspecteur maltais chargé de l’enquête, Keith Mallan, découvre ensuite que le trafic a débuté en 2021 et que, depuis, des sommes importantes à destination de la Turquie ont transité par Malte. Les enquêteurs identifient plusieurs ressortissants libyens impliqués, dont Hesham Zayed, ainsi que des entreprises qu’il représente : Essem Mohamed Edernawi, Khaled Baely, Hdidan Tamer Ramadan Ali. L’enquête s’internationalise, réunissant désormais des représentants américains, britanniques, italiens et des agents d’Europol. Eux aussi ont été alertés par l’arrivée régulière à Malte de ressortissants libyens transportant de grosses sommes en espèces.
De son côté, la police turque est aussi intriguée par la récurrence des visites de certains voyageurs libyens. Remontant la filière, elle met à son tour en évidence l’existence d’un important réseau bancaire clandestin transitant par Malte. Prenant sa source en Libye, mais aussi en Russie et en Asie centrale, ce réseau réunit des entreprises chargées de blanchir de l’argent, pour un montant total que les enquêteurs turcs évaluent à 900 millions de dollars. Finalement, une opération de police dans le quartier de Laleli, à Istanbul, permet aux enquêteurs de mettre la main sur 50 milliards de livres turques – soit 1 milliard d’euros – directement liés aux activités illégales, dont le blanchiment d’argent libyen.
En Libye, où l’on a suivi l’affaire avec intérêt, beaucoup estiment que le réseau démantelé est d’une importance mineure au regard des sommes blanchies, d’une façon ou d’une autre, à la faveur des nombreux trafics qui gangrènent le pays. Le trafic d’hydrocarbure, principalement. On regrette aussi que les donneurs d’ordres, de hauts responsables de Tripolitaine et de Cyrénaïque, ne soient pas inquiétés.
la suite après cette publicité
Article écrit publié en premier sur JeuneAfrique.Com